AGORA – Les croisières à Ajaccio

AGORA diffusion le 29 mai 2022 à 18h25.
Fiche intervention du GARDE pour la Coordination TERRA.
GOLFE D’AJACCIO classé NATURA 2000 – UNE COURSE AU PROFIT ?

      

Pour être soutenable le tourisme doit reposer sur 3 piliers :
♦ Économique
♦ Social
♦ Environnemental

Dans le contexte géopolitique actuel et de persistance de l’inflation
Nous tirons le signal d’alarme sur :
◘ Un choix politique et économique d’un sur-tourisme dévastateur
chiffré à 39% du PIB de la Corse (3,5 milliards).
Soit 5 fois plus que la moyenne nationale qui est de 8% (1ère destination touristique au monde)
Mais on estime à environ 10% du PIB la valeur ajoutée réelle du tourisme en Corse. (8/10% ?)

Le critère le plus significatif reste donc la croissance du PIB par habitant qui mesure le degré d’enrichissement réel d’une population.
♦ En 2018 en Corse, le PIB par habitant s’élèvait à 27 780 €, soit 2 460 € de moins qu’en province (– 8 %).
♦ En 2019 : 27 508 €, soit un PIB par habitant à la baisse.
La Corse reste la Région la plus pauvre de France, 20% des foyers ont des revenus inférieurs au seuil de pauvreté.
À Ajaccio, 15% des foyers ajacciens vivent en dessous du seuil de pauvreté.
(Chiffres source INSEE)

◘ Une fréquentation croissante et polluante des navires de croisière dans le golfe d’Ajaccio.

–  En 2019, Ajaccio a accueilli 126 paquebots
–  Cette année, Ajaccio attend quelques 228 navires de croisières
C’est donc près du double,

☺ Manne financière pour une minorité = €€€
☻ Nuisances pour la plus grande majorité :

      

 

 

 

Ces paquebots géants vont s’ajouter au trafic estival
– augmentant d’autant les nuisances et les pollutions
– sans oublier le risque d’introduction d’agents pathogènes ou d’invasives
À titre d’exemples :
un bateau de croisière produit 7000 tonnes de déchets par an.
Toutes les grandes nacres du golfe ont été décimées par un parasite introduit par un navire à Barcelone.
Une étude récente publiée par Nature prouve que le bruit de la cavitation des hélices portent atteinte non seulement aux cétacées mais aussi aux herbiers de posidonies.
            

◘ Propulsés par la combustion d’énergie fossile, ils vont augmenter l’empreinte carbone de ce secteur.
Dans le cadre du changement climatique, c’est à l’antinomie du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC, qui face à l’inertie des États exhorte les Régions et les Maires à prendre des mesures de réduction des gaz à effet de serre avec en priorité la diminution de la combustion d’énergie fossile.

◘ La croissance de ce secteur d’activité va accentuer les pressions exercées sur cet espace maritime classé Natura 2000 déjà soumis à de fortes contraintes,
♦ le golfe d’Ajaccio n’est pas une zone commerciale,
♦ c’est une zone spéciale de conservation des espèces et des habitats que l’on doit préserver,
♦ Natura 2000 n’est pas un « label commercial» destiné à capter une nouvelle clientèle de luxe aux desiderata hors normes.


Alors que de nombreuses villes s’opposent ou règlementent l’accès de ces paquebots par des conventions signées entre les armateurs, les Maires et les autorités portuaires, qui imposent l’utilisation de carburant à 0,1% de soufre dans les eaux portuaires,
♦ En Corse,
L’État accorde des droits à polluer par dérogation (aux Lois qu’il promulgue)
◘ La dérogation accordée à la Corsica linea, (rejet autorisé des eaux de lavage des fumées pour 3 de ses navires dans la bande des 3 milles (2025), donc au port, augmentant de fait la contamination en métaux lourds des sédiments.


Pendant que les retards s’accumulent en Corse au plan environnemental, la France investit afin de relancer ce secteur du tourisme qui représente 8% de son PIB,
◘  Les plans d’investissement se succèdent à coups de milliards :
France relance, Destination France, …,
♦  En Corse, ces fonds seront utilisés pour augmenter la fréquentation de nos sites les plus précieux afin de satisfaire les desiderata d’une nouvelle clientèle de luxe.

À Ajaccio,
= Installation de coffres de mouillages pour accueillir des méga-yachts de 60 à 90 m de long à la consommation énergétique démesurée, (500 à 2000L/H
= Convention entre l’État et la CCI sur une durée de 30 ans
= Perturbations significatives des milieux marins Natura 2000
= restrictions d’usage du 1er juin au 30 septembre pour les usagers des plages de St François et du Lazaret.

          

Pendant que des bombes de CO2 seront catapultées dans l’atmosphère par ces navires de luxe au mouillage dans le golfe,
♦ L’État appellera le monde social ordinaire à la plus grande sobriété énergétique.
♦ Tant pis pour les baigneurs ☻, les posidonies ☻, les goélands d’Audouin ☻, tant pis pour Natura 2000 ☻, l’économie doit primer et on investit de l’argent public dans ces projets destructeurs parfaitement anachroniques aujourd’hui.

AJACCIENS : Respirez !!!

APRÈS LE NO2, LES PM10 : le 28 avril 2022
LA FRANCE À NOUVEAU CONDAMNÉE PAR LA COUR DE JUSTICE DE L’UE POUR NON-RESPECT DE LA DIRECTIVE SUR LA QUALITÉ DE L’AIR.

Ajaccio : Un ballet incessant

Ce 28 avril avait  lieu  à  Toulon,  la  troisième  Journée Méditerranéenne  de  l’Air  –  les  Ports,

Un patchwork d’avancées et de retards en matière de qualité de l’air dans les ports de la région Sud/PACA et de la Collectivité Territoriale Corse.
Incitations financières et avancées technologiques ont été présentées par les acteurs politiques italiens et français et par les armateurs.
Sans conteste, la Corse reste le parent pauvre.
Ajacciens, Bastiais, Niçois et Toulonnais ont sommé la Corsica Ferries d’investir rapidement dans l’amélioration de ses anciens ferries comme le fait la Méridionale.

Le GARDE a dénoncé la dérogation accordée à Corsica Linea par la France, ainsi que   le principe  des scrubbers ouverts permettant de rejeter directement  en  mer  les  polluants  aériens  émis  par  les  navires qui continuent à utiliser du carburant hautement polluant, ce procédé   a  été  unanimement  condamné.

 

Les avancées d’une Zone ECA en Méditerranée, avec l’obligation de passer d’un carburant à 0,5% de teneur en soufre à 0,1% a été démontrée par l’étude réalisée par la France et présentée à Marseille le 18 janvier 2019.

Pourquoi la France n’impose t- elle pas cette obligation dans ses eaux territoriales !?

D’après les responsables du Ministère de la Transition écologique présents qui préfèrent signer des dérogations que des interdictions, 2025 « serait »  envisageable..,

C’est donc sans surprise que nous avons pris connaissance du jugement du 28 avril de la Cour Européenne de Justice qui condamne une nouvelle fois la France pour son inaction en matière de pollution de l’air.

La France n’agit pas, préférant exposer les populations aux dangers avérés et reconnus de la pollution de l’air sur la santé !

 

 

Paillote  » Chez Antho », commune de Lucciana : démolition ordonnée

« Chez Antho » est un restaurant de plage de 800 m2 d’emprise au sol avec de nombreuses structures annexes (mobile-homes dans la pinède). Implanté depuis 2008, reconstruit et agrandi en 2015, l’ensemble a été édifié sans aucune autorisation dans un milieu naturel fragile inconstructible :

  • espace boisé classé inconstructible du PLU adopté en 2009 pour une partie de la parcelle A0-42,
  • zonage N (naturel) inconstructible du PLU de la commune de Lucciana,
      • espace remarquable et caractéristique (ERC) inconstructible du littoral précisé par le PADDUC,
      • secteur situé dans la bande des 100 mètres à compter du rivage, inconstructible,
      • zone inondable d’aléa modéré.

    Image Google Earth, juillet 2020 :

Les condamnations :

  • La SASU La California : 200 000 €, dont 100 avec sursis
  • Le gérant M. Zamboni : 100 000 € dont 50 avec sursis
  • La remise en état a été ordonnée avec exécution provisoire dans un délai de 3 mois sous peine d’astreinte de 400 € par jour de retard

Le tribunal a également reconnu l’importante nuisance sonore causée aux riverains.

Localisation de la parcelle par rapport à l’espace remarquable 2B19 du Padduc

COFFRES D’AMARRAGE MÉGA YACHTS – AJACCIO

 

La CCI semble seulement vouloir tirer profit de la marque « Natura 2000 » du Golfe d’Ajaccio pour tenter de capter une « nouvelle clientèle de luxe» comme à Monaco.
Étude de marché ? Rien ne démontre la nécessité de tels investissements réalisés en partie sur des fonds publics (UE, CdC, État) pour l’amarrage de yachts de luxe de 60 à 90 m, qui sont par nature de gros consommateurs d’énergie fossile, donc de gros pourvoyeurs de gaz à effet de serre, ce projet anachronique sur 30 ans (15 ans renouvelables) est à l’antinomie des préconisations du dernier rapport du GIEC.
Avec comme incidences premières de ce projet des impacts directs dans le libre accès aux baignades, à la pêche de loisir et à la pratique de sports nautiques propulsés par la seule énergie humaine, ainsi que des impacts flagrants et non compensés sur des espèces et les habitats de cette zone Natura 2000.
Domaine public maritime
Les baignades s’exercent sur le domaine public ou privé des collectivités territoriales, qu’il soit concédé aux communes ou même à des personnes de droit privé. La baignade publique du domaine public a pour caractéristiques essentielles : le libre accès et la gratuité, des droits normalement inaliénables.
Le maire exerce la police des baignades et des activités nautiques pratiquées à partir du rivage. Cette police s’exerce en mer jusqu’à une limite fixée à 300 mètres à compter de la limite des eaux.
LES IMPACTS
Source : RAPPORT OTEIS, SEPTEMBRE 2018 : PROJET DE MISE EN PLACE DE COFFRES D’AMARRAGE ECOLOGIQUES DEDIES AUX YACHTS DE GRANDE PLAISANCE DANS LE GOLFE D’AJACCIO
RESTRICTIONS D’USAGE
À proximité des coffres : du 01 juin au 30 septembre
Dans le périmètre des zones de mouillage, seront interdits durant la période d’exploitation :
• La pêche professionnelle et la pêche de loisir ;
• l’utilisation d’engins de plage et d’embarcations propulsées par l’énergie humaine (kayak, paddle-board) ;
• la baignade et la pêche de loisir (art.7 convention)

Plage Saint François :

en pointillés jaune bande des 300 m
cercle de mouillage en bleu
Cette plage au trait de côte particulièrement mobile fait l’objet d’un projet d’aménagement de protection du littoral
La quasi-totalité du mouillage 1 est dans la bande des 300 m
Y aura-t-il une zone réservée uniquement à la baignade (ZRUB) sera-t-elle balisée, surveillée ?

Plage d’Aspretto,  ou du Lazaret, 

pointillés jaune bande des 300 m
en vert les posidonies
Le périmètre de la zone de mouillage 4 coupe la bande des 300m de 115 m environ laissant bien peu de place à la pratique de la baignade.
IMPACTS SUR L’ENVIRONNEMENT EN MER :
On note la présence de diverses espèces protégées : posidonies, cymodocées, corraligènes,
? Un oubli ? : Les patelles géantes sont présentes, protégées au niveau national du fait de leur raréfaction.
Impact sur l’herbier de posidonie : mouillages 3 et 4 ;
On note la présence de cnidaires, mouillage 3 :
Cladocora caespitosa est pourtant une espèce inscrite depuis 2015 sur la Liste Rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature sous le statut en danger
On retiendra et on soulignera page 21 de l’étude :
« Du fait des faibles impacts du projet sur l’environnement, aucune mesure compensatoire spécifique n’est nécessaire et envisagée dans le cadre de l’exploitation des installations portuaires ».
PAS DE MESURES COMPENSATOIRES, (CONCEPT : EVITER, REDUIRE, COMPENSER)
PAS DE DEMANDE DE DÉROGATION AU CONSEIL NATIONAL DE PROTECTION DE LA NATURE (CNPN)
UNE DEROGATION DOIT POURTANT AUTORISER LA DESTRUCTION D’ESPECES PROTEGEES
Alors que le Golfe a perdu la totalité des « Grandes Nacres » décimée par un protozoaire, que les espèces invasives se multiplient, le tout allègrement véhiculé par des navires et les courants, on autorisera la destruction d’espèces protégées et peut-être même classées à la liste rouge de l’UICN (travaux M.3)
CECI EST EN TOTALE CONTRADICTION AVEC LES OBJECTIFS NATURA 2000,
-Les zones Natura 2000 marins, sont des zones spéciales de conservation à protéger en raison de la présence d’habitats abritant des espèces de faune ou de flore sauvages, rares ou vulnérables ou menacées de disparition ou dignes d’une attention particulière.
FR9402017 Golfe d’Ajaccio
Le site Natura 2000 recouvre la totalité du Golfe d’Ajaccio. Il a été classé en Zone Spéciale de Conservation en raison de la présence de la tortue de Caouanne et du Grand Dauphin.
Ce secteur est très fréquenté par les mammifères marins. On rencontre également une grande variété d’espèces d’algues de mollusques, d’éponges ou encore de crustacés. Une population de patelles géantes et des grandes nacres sont également présentes dans le golfe.
Ce secteur diversifié comporte des milieux rocheux, sableux et profonds. Les profondeurs du golfe sont parsemées des grottes, habitats très particuliers qui abritent des espèces qui ont dû s’adapter à des conditions environnementales très particulières.
Le secteur est également fréquenté par :
FR9412001 Colonie de Goéland Audouin d’Aspretto / Ajaccio
Base navale d’Aspretto et couvre 70 % de territoire terrestre et 30 % marin.
C’est une Zone Spéciale de Conservation de la directive UE « oiseaux » : présence d’une colonie de goélands d’Audouin, la plus grande en France actuellement. Cette espèce niche sur le pourtour méditerranéen et n’est en France, présente qu’en Corse. Elle est classée en liste rouge « vulnérable » par l’UICN.
Le Goëland d’Audouin qui pêche principalement de nuit est particulièrement sensible aux dérangements.
LES RISQUES :
Présence de contaminants
Avec des seuils plus élevés de Cadnium, Zinc, Vanadium, Plomb, mis en évidence par le réseau de surveillance ROCCH (tome I Docob Natura 2000).
Des sédiments contaminés seront remis en suspension et dispersés au grès des courants sans que l’on connaisse la teneur exacte de ces contaminants métalliques, Il sont d’autre part largement alimentés par le rejet autorisé par dérogation des eaux de lavage des fumées de certains navires de la Corsica Linea dans la bande des 3 milles, des navires qui continuent à utiliser des fuels à 3,5% de soufre au lieu des 0,5% prévus par l’OMI (ceci pour renflouer son déficit enregistré pendant la période COVID sur les dessertes de l’Afrique du Nord qu’elle assure.)
Art. 13 de la convention :
« Le littoral méditerranéen a fait l’objet de minages défensifs et de bombardements durant la seconde guerre mondiale, les travaux d’aménagement des zones de mouillage devront prendre en compte la problématique d’une possible pollution pyrotechnique du site ».
Le mouillage 4 (identifié 5 dans l’étude OTEIS en référence) est à destination d’un yacht de 90 m.

Cercle d’évitage : environ 115 m
Ce cercle de manœuvres coupe celui du pétrolier de 100m environ.
Avec la future zone de fret en gestation, ce secteur va cumuler et amplifier de nombreux risques,
Le risque potentiel de collision ne peut pas être écarté.
Il peut même être risque majeur !
Fret + Méthanier+ pétrolier+ navire militaire + risque pyrotechnique…
CE PROJET DE MOUILLAGE DEVRAIT ETRE SUPPRIMÉ
Le LAZARET classé monument historique est à proximité immédiate du mouillage 4
LE PROJET DE MOUILLAGE n° 4 DOIT ETRE SUPPRIMÉ
Incidences sur la biodiversité avec absence de dispositions de compensations
Dérogations de destructions d’espèces inacceptables en Natura 2000
Incidences notables et directes sur les Droits de la population et leur santé
Incidences sur l’eau, l’air, le climat, le paysage et le patrimoine
Dans le contexte actuel, (raréfaction des produits pétroliers, augmentation du coût de la vie « simple »)

Dans ce dossier, aucun argument ne démontre la nécessité de tels aménagements sur 30 ans, sauf à gâcher définitivement le caractère précieux de cette richesse environnementale au détriment des droits des Corses et de leurs enfants ! Pour toutes ces raisons non exhaustives,
CE PROJET DOIT ÊTRE REJETÉ DANS SON ENSEMBLE

 

EN ROUTE VERS 2050 : LA CORSE EN RÉTRO-GLISSADE AURÉOLÉE D’ÉCO-BLANCHIMENT.

Actuellement et jusqu’au 29 avril, une enquête publique liée à un projet de concession d’utilisation du domaine public maritime en dehors des ports pour la mise en place et l’exploitation de quatre coffres d’amarrage avec récifs éco-conçus dédiés aux navires de grande plaisance dans le golfe d’AJACCIO est en cours.  https://www.registre-dematerialise.fr/2953

La Coordination Terra (qui regroupe un grand nombre d’associations de protection de l’environnement ou de la santé en Corse) adresse au Commissaire enquêteur et aux autorités le texte ci-dessous et émet un avis très défavorable à ce projet.

Parce que la Corse a fait le choix politique et économique d’un tout tourisme dévastateur sans parvenir à faire respecter les lois environnementales et le PADDUC faute de moyens coercitifs, la Corse déroge aux règles ou s’arcboute sur des projets d’un autre siècle pour grappiller quelque menue monnaie au détriment de son principal atout, son immense richesse environnementale.

Publié le 4 avril dernier, le  dernier rapport du GIEC exhorte pourtant les régions et les villes à contribuer à un avenir net zéro carbone  en intégrant  des stratégies de réduction drastique de la consommation d’énergie fossile, grande pourvoyeuse des émissions de gaz à effet de serre, afin d’échapper à l’élévation funeste d’un réchauffement de 2,4 °C d’ici à 2100, voire 2,7 °C si on n’agit pas maintenant.

La mer Méditerranée est un « hot spot » du changement climatique en cours, ce qui constitue une véritable menace pour les espaces naturels, notamment les milieux marins et littoraux ainsi que pour la biodiversité qu’ils abritent.

Ni fiction, ni exagération : nous sommes à la croisée des chemins !
Les scientifiques affirment « c’est maintenant ou jamais » qu’il faut limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius en assurant la sécurité alimentaire, hydrique et sanitaire des populations, tout en améliorant la qualité du bâti (qualité de l’air intérieur, confort thermique..).

Entièrement incluse dans le sanctuaire Pelagos, particulièrement fréquenté par les navires, et dans un contexte énergétique inédit, à cause du chamboulement géopolitique créé par la guerre en Ukraine qui entraîne une hausse des prix de l’énergie comme nouvelle normalité, la Corse s’englue un peu plus dans une  économie mortifère, induite et planifiée par les lobbys nautique et touristique à travers les plans « Salvezza e rilanciu »  et « France Relance »  en favorisant  l’accueil des méga-yachts dans ses espaces les plus sensibles.
Ces yachts de la démesure consomment de 500 à 2000 litres de combustible fossile à l’heure, ce sont de véritables bombes de CO2, catapultées dans l’atmosphère déjà saturée de ce gaz à effet de serre qui ravage la planète et compromet la vie sur terre.

« Faute de moyens coercitifs* » ce mode de vie ostentatoire et prédateur sera accueilli avec complaisance grâce à l’organisation dans le Golfe d’Ajaccio pourtant classé Natura 2000, d’une offre adaptée « aux desiderata de cette clientèle de luxe *», au mépris le plus total d’une répartition équitable des efforts de sobriété attendus de la population locale.
*Dans le dossier.

Cette impuissance affichée de l’exercice du pouvoir de police dans les eaux littorales aura pour conséquences d’augmenter la pression sur l’air et la qualité des eaux.
Or dans un site Natura 2000 « zone spéciale de conservation », il est théoriquement obligatoire de veiller au maintien de l’état de conservation des habitats et des espèces. Sous le prétexte de protéger les posidonies, on encourage au contraire les grandes unités de plaisance extrêmement polluantes à venir dans le golfe d’Ajaccio et à y stationner, dérangeant un peu plus l’ensemble de la faune dont de nombreuses espèces sont pourtant aussi protégées que la posidonie.

Entre la centrale du Ricanto, les retombées de la pollution automobile
(voitures, camions, transports en commun), la pollution permanente des décollages et des atterrissages des avions, les rejets des stations d’épuration, les rejets autorisés par dérogation des eaux de lavage des fumées des navires de la Corsica Linea dans les eaux du port, le ballet incessant et polluant des navires de croisière, des méthaniers, des pétroliers, des navires militaires, de la multitude de bateaux de plaisance à moteur dont le rejet des gaz d’échappement s’effectue directement dans la mer et  les méga-yachts de 60 à 90m de long : C’est un cocktail polluant toxique qui empêchera le Golfe d’atteindre le bon état écologique espéré.

La population perdra la qualité de ses eaux de baignade, la biodiversité subira les impacts dégradants induits et les espèces invasives feront flores, détruisant au passage ce fragile écosystème indispensable à la vie.
Bruits, lumières et déchets participeront, eux aussi, à cette profonde destruction irrémédiable, sans oublier la pollution sonore sous-marine provoquée par la cavitation des hélices qui dévaste les plantes aquatiques devenues incapables de stocker le dioxyde de carbone, accélérant d’autant le changement climatique.

Tout cela est rendu possible par le choix de traiter ces dossiers « au cas par cas », ce qui dispense ces projets d’un autre temps de l’avis éclairé de la haute autorité environnementale et d’étude d’impact.

  • Comment accepter que la population subisse les conséquences de cette pratique de consommation énergétique démesurée, incompatible avec les engagements écologiques ?
  • Comment accepter cette rupture caractérisée d’avec le monde social ordinaire, qui en subira les conséquences désastreuses ?
  • Comment accepter qu’une poignée de décideurs prenne des décisions en totale opposition aux Droits légitimes des citoyens sur leur cadre de vie, eux qui luttent déjà pour survivre.
  • Les décisions prises aujourd’hui doivent absolument garantir un monde viable demain !

Morale, Justice, Equité, sont des mots qui semblent avoir perdu leur sens, noyés dans le miroir aux alouettes d’un monde en perdition !

Les méga-yachts peuvent aussi sur simple appel téléphonique, obtenir l’autorisation de mouiller aux Sanguinaires sur des fonds > 50m.
Les résultats du réseau de surveillance ROCCH (ex-RNO) ont mis en évidence des seuils plus élevés que la moyenne de Cadmium, Zinc, Vanadium et Plomb (pointe de la Parata et Port d’Ajaccio).