CONFÉRENCE DE PRESSE – CALDANICCIA – Le 27 octobre 2022
Nous avons sous nos pieds une richesse exceptionnelle, l’aquifère de Caldaniccia et sa source aux propriétés thérapeutiques reconnues bien au delà de la Corse pour ses bienfaits dans le traitement des affections respiratoires et cutanées depuis des centaines d’années. L’attachement à Caldaniccia reste encore très vif pour une grande partie des ajacciens et des riverains.
L’autorisation d’exploitation de la source a été délivrée le 2 décembre 1832 et la concession du domaine qui l’entoure en 1939. Cette autorisation a été retirée en mai 1957, mais les ruines sont restées fréquentées pour un libre usage de l’eau de source.
Il y a bien eu une tentative de développement dans les années 1980 portée par le Département.
Une étude du site a été réalisée et publiée en 1986 par le SERVICE GEOLOGIQUE REGIONAL de CORSE du BUREAU DE RECHERCHES GÉOLOGIQUES ET MINIÈRES (BRGM)
Cette étude publiée le 12 mars 1986 est en ligne :
Qu’en est-il aujourd’hui de la qualité bactériologique des eaux thermales de Caldaniccia ?
Leurs bienfaits sont-ils définitivement sacrifiés?
Ce projet de restauration des bains de 1986 est resté sans suite et aujourd’hui on peut constater que le secteur se couvre de béton, d’engins de chantier, de déchets et de goudron, beaucoup de goudron, et malheureusement d’autres réalisations risquent de se concrétiser, comme la pénétrante,
un projet en gestation depuis 2017.
Dès l’enquête publique (2020) les associations ont soulevé des objections quant à ce projet concernant :
les risques induits par les travaux à réaliser sur le Cavallu Mortu un cours d’eau très impacté par des rejets nocifs antérieurs.
Ce cours d’eau fait état d’une masse d’eau déclassée comme le Saint-Antoine, le Ponte Bonellu et l’Arbitrone et malgré nos demandes récurrentes nous n’avons jamais obtenu l’analyse des sédiments.
Ont-elles été réalisées ? Si oui pourquoi ne sont-elles pas rendues publiques ?
Les travaux envisagés dans le lit du Cavallu Mortu pour la réalisation du pont auront-ils un impact sur le système hydrothermal de Caldaniccia par perforations ou par infiltrations lors des forages ?
Ces questions restent sans réponse.
De plus, après avoir sacrifié une zone humide sur son passage, cette nouvelle route ne fera que déplacer le problème des embouteillages vers des zones plus densément urbanisées.
Aujourd’hui, nous sommes en 2022 et le contexte géopolitique a changé.
La guerre aux portes de l’Europe impacte la sécurité alimentaire et énergétique de tous les pays.
En Corse la fragilité du système énergétique est incontestable et chacun est appelé à la plus grande sobriété dans sa consommation énergétique.
Aujourd’hui il y a urgence et nous intervenons publiquement car toutes nos interventions sont restées sans suite.
Le GARDE a retrouvé dans ses archives undocument de 1980 réalisé à la demande du Ministère de l’industrie qui estime la température du réservoir de Caldaniccia à 115°,
ÉTUDE PRÉLIMINAIRE DES RESSOURCES GEOTHERMIQUES DE LA CORSE
Nous ne sommes pas des spécialistes de la géothermie :
Cette science des phénomènes thermiques internes de la Terre, qui renferme une ressource naturelle renouvelable, permanente et non polluante, la chaleur, permet également d’étudier les éventuelles possibilités d’exploiter cette chaleur naturelle de l’eau contenue dans les aquifères afin de produire de l’électricité et/ou de la chaleur.
Les utilisations de la géothermie sont établies en fonction du niveau de température de l’eau géothermale : • La géothermie Très Basse Energie (TBE) : alimentée par une eau de 10 à 30 °C ; (pour le chauffage de serres ou de bassins de pisciculture) • Une géothermie Basse Energie (BE) : alimentée par une eau entre 45 et 75° (chauffage d’immeubles)
• Et la géothermie Très Haute Energie (THE) : pour la production d’électricité à partir de 100 à 250°.
(Source : Thomas GUEANT expert en géothermie)
Dans ce document « confidentiel » de 1980,
il est écrit concernant Caldaniccia :
« Le potentiel de Caldaniccia ne peut être évalué qu’après reconnais- sance dans la vallée de la Gravona. La recherche de 1’aquifère chaud en profondeur n’est pas concevable car elle nécessiterait des travaux de reconnaissance, la mise en oeuvre d’une technologie de forage coûteuse pour une opération ne pouvant être étayée par aucun précédent ».
40 ans plus tard : Les techniques ont évolué et l’exploitation de cette ressource naturelle permanente, renouvelable et non polluante peut se révéler possible.
Elle permettrait de maîtriser les coûts sur le long terme tout en assurant une relative indépendance vis-à-vis du marché des énergies fossiles surtout dans le contexte géopolitique actuel.
Elle permettrait également de rentrer dans les objectifs de la transition énergétique par l’utilisation d’une énergie renouvelable sans impact écologique majeur.
Un autre rapport du BRGM de 1992semble prouver le potentiel géothermique de la Corse :
Il nous semble que le potentiel géothermique de la Corse est une réalité qui ne doit plus être négligée voire sacrifiée !
Aussi, avant tout aménagement supplémentaire préjudiciable à une éventuelle exploitation de cette ressource, ici à Caldaniccia, nous demandons publiquement que des experts soient missionnés pour déterminer les possibilités d’une installation géothermique profitable aux Corses sur le long terme.
Les conclusions des experts devront être rendues publiques !
Nous citerons en conclusion l’exemple de La réalisation géothermique de Vélizy-Villacoublay inaugurée le mardi 7 décembre 2021 sur une eau à 65° prélevée à 1600m qui permet de couvrir les besoins de 12000 équivalents logements pour un investissement total de 25 millions €.
NB : Les travaux de branchement électrique des bateaux de croisière à quai sont estimés à 20 millions €.
Les associations sont à vos côtés depuis longtemps pour dénoncer la pollution de l’air, les conséquences sur la santé et la biodiversité, les nuisances à la vie sociale et les impacts sur le milieu marin des bateaux de croisières qui consomment de grandes quantités d’hydrocarbures, une énergie fossile qui contribue très largement au changement climatique.
Il faut dissocier les croisières à vocation récréative, emblème d’un tourisme de masse, des autres navires (ferries, méthanier, pétrolier), dont l’utilité n’est pas remise en question, mais qui bénéficient pour certains de dérogation inacceptable.
Le gigantisme actuel des bateaux de croisières a permis sans conteste la démocratisation de ce loisir par des offres tarifaires attrayantes.
Organisés sur le modèle clinquant des centres commerciaux, ils regroupent des milliers de personnes qui ont toujours rêvé d’atteindre le « luxe » de la croisière réservé jusque-là à quelques privilégiés.
La croisière, véritable parc d’attractions flottant, a un objectif commercial essentiel, celui de maintenir captifs les passagers par des offres ludiques et variées pour encourager leurs dépenses à bord, (spectacles, boutiques, piscines…) au détriment des escales.
Au plan social, ces paquebots naviguent majoritairement sous pavillon de complaisance, pratiquent l’évasion fiscale, avec un « droit du travail » inexistant pour le personnel de bord.
À Ajaccio, comme à Bastia, la justification économique des croisières avancée par la CCI n’est pas démontrée ; dans tous les cas, elle ne contrebalance pas le coût des impacts sur la santé, sur l’environnement et le cadre de vie des habitants.
Au plan sanitaire, la preuve en a été apportée par l’étude ECAMED réalisée par I’INERIS à la demande du Ministère de l’Environnement.
La restitution de cette étude, introduite par Madame Élisabeth Borne le 18 janvier 2019 à Marseille démontre que la mise en place d’une zone ECA*, (émissions d’oxydes de soufre contrôlées par l’utilisation de carburant à 0,1% de teneur en soufre (comme en Manche-Mer du Nord en application depuis le 1er janvier 2015), et des émissions d’oxydes d’azote, conduiraient à des bénéfices pour la santé trois à quatre fois supérieurs aux coûts induits.
ET le rapport de l’Anses du 17 juillet 2019, qui confirme avec des niveaux de preuve forts, les effets sur la santé.
Où sont les études portant sur l’impact économique réel des navires de croisière en Corse auprès des commerçants ?
Qui les réalise ? Les acteurs économiques favorables aux croisières ?
La chambre de commerce et d’industrie aux bénéfices proportionnels au nombre d’amarrages des bateaux de croisière au port ?
Qu’en est-il par exemple des investissements réalisés par la collectivité pour accueillir ces navires ?
Et l’eau, et les déchets ? (Totale opacité).
Sauf à se complaire dans la désinformation des citoyens en faveur de groupes de pression, les prétendus bénéfices réalisés en Corse sont particulièrement nébuleux, cet argument n’est pas donc pas recevable en l’état.
Comme n’est pas recevable non plus le chantage à l’emploi présenté par la France dans le contexte actuel du changement climatique. 1
Il s’agit d’un choix politique d’orientation de l’activité économique.
Alors que le monde ordinaire est appelé à la plus grande sobriété énergétique la construction de paquebots gigantesques ou de méga-yachts à la consommation démesurée de combustible fossile est-elle soutenable dans le contexte du changement climatique en cours ?
La France ne devrait-elle passatisfaire enfin à ses engagements pris lors de l’accord de Paris sur le climat en 2015 en formant le personnel de la construction navale aux nouveaux métiers de la transition écologique ?
Ces paquebots ne sont plus les bienvenus :
Dubrovnik, Santorin, Palma de Majorque, en limitent leur nombre.
Venise, a rejeté les grands bateaux de croisière de la lagune en août 2021.
Et ces rejets se multiplient, à Marseille, Nice, la Ciotat, sans oublier Bruges (Belgique), Dublin (Irlande)
Bien sûr le tourisme érigé en industrie est à l’origine de bien d’autres problèmes :
Augmentation des prix des logements, exclusion des forces vives par la gentrification, constructions effrénées, augmentation du trafic polluant (avions, navires, véhicules automobiles), atteintes au cadre de vie, à la biodiversité, problèmes d’approvisionnement en eau, infrastructures désespérément insuffisantes, déchets, traitement des eaux, nuisances à la vie sociale, privatisations des plages, perte de repères etd’identité.
Ce modèle touristique assorti d’une bétonisation à outrance altère et déprécie l’image de marque de la Corse.
Un article de Géo du 27 juillet 2022 intitulé « Tourisme de masse : top des 10 destinations à éviter cet été pour s’en préserver », nous semble être une alerte sérieuse pour Ajaccio qui figure à la 3ème place.
MAIS dans ce même temps, des projets de transformation de ce modèle touristique tentent d’émerger sous nos yeux à destination d’une clientèle à très hauts revenus : le tourisme VIP
Cette forme de tourisme est à destination des plus fortunés qui cherchent à rematérialiser leur richesse en exhibant leurs méga-yachts de plus en plus spectaculaires. Non seulement le marché du super-yachting n’a pas souffert pendant la période COVID mais il a même été dopé par la distanciation sociale.
Les projets de coffres d’amarrage de méga-yachts tout autour de la Corse et dans le Golfe d’Ajaccio classé Natura 2000 en sont un exemple flagrant.
Dans ces projets, financés par de l’argent public du plan France relance, État, Élus, CCI, accorderaient même des restrictions d’usage à destination du monde social ordinaire dans les périmètres des zones de mouillages afin que les plus fortunés puissent afficher ostensiblement leur volonté de séparatisme social par le haut.
De fait, les ajacciens seraient exclus de leurs droits légitimes à la baignade plages de St François et du Lazaret.
Nous sommes bien loin du tourisme soutenable espéré, qui devrait lui, reposer sur 3 piliers : économique, social et environnemental.
Alors que l’inflation nous guette et que nous sommes appelés à la plus grande sobriété énergétique, selon « yacht CO2 tracker », entre le 03 et le 09 septembre, 59 yachts de luxe ont croisé autour de la Corse, ils ont consommé plus de 1million de litres de carburant et produit un total de 2667 t de CO2, dont 719 t de CO2 à proximité directe de l’ile.
La plupart de ces 59 yachts de luxe navigue bien sûr sous pavillon de paradis fiscaux (24 battent pavillon des Iles Caïmans, 9 battent pavillon Maltais et 6 battent pavillon des îles Marshall )
– Devons-nous continuer à assister à la dévastation de la Corse en silence ?
– Devons-nous assister sans mot dire à la privatisation des rivages de la Corse (terre et mer) ?
– Devons-nous accepter sans mot dire qu’une minorité continue d’asphyxier la plus grande majorité pour remplir ses caisses ? (croisières, low-cost, coffres d’amarrage, méga- yachts …)
Aujourd’hui, nous attendons une feuille de route qui fixent des mesures concrètes de régulation de cette hyper- fréquentationpar la limitation drastique des paquebots et des projets aberrants.
Le mot quotas ne doit plus être tabou,
Aujourd’hui et plus que jamais seul l’intérêt des corses doit primer !
Zones NECA (limite carburant à 0,1% de SOx et moteurs répondant à la norme Tier3 pour les NOx) : mer Baltique, mer du Nord et Manche ;
Zones SECA (limite à 0,1% de SOx) : Amérique du Nord, Caraïbes.
Destination les ports de Méditerranée et donc la Corse pour les croisiéristes !En Corse, la fréquentation de nos ports de Bastia et d’Aiacciu connaît une augmentation fulgurante, passant de 126 paquebots en 2019 à 228 navires attendus cette année à Ajaccio !
Destination les rivages de Corse pour la grande plaisance ! En Corse, l’État prévoit d’installer, avec de l’argent public, tout autour de l’île et face à nos plus beaux sites, des coffres d’amarrage pour l’accueil des yachts. (Des centaines de yachts).
Et la Chambre de commerce et d’industrie d’Ajaccio, à l’insu de son plein gré, a décidé toute seule, oui toute seule, de gâter les Ajacciens ! Des bateaux de croisière géants accostent tous les jours et quatre coffres sont prévus dans le golfe. Pour la CCI ne compte que la redevance que ces navires payent pour s’amarrer… une manne !
Les pollutions engendrées ? Si la CCI les ignore, les Ajacciens les subissent en mettant leur santé en danger. Il suffit de regarder les fumées dégagées par les cheminées de ces monstres.
Le transport maritime est régi par l’Organisation Maritime Internationale. (OMI, annexe VI de la Convention MARPOL). Afin de maîtriser la pollution de l’air, la teneur en soufre des carburants est limitée à 0,1 % de soufre et des zones à émission contrôlée (zone ECA) ont été mises en place.
Par exemple, en France, une zone à émission contrôlée existe depuis le 1er janvier 2015 en Manche-Mer du Nord. En Méditerranée les carburants autorisés en contiennent de 35 à 45 fois plus (de 1 kg à 35 voire 45 kg par tonne !).
Depuis 2016, le GARDE dénonce l’accumulation des retards constatés pour la mise en place d’une zone d’émission contrôlée en Méditerranée : une zone ECA qui verra peut-être le jour en 2025. Les Méditerranéens que nous sommes sont sans doute considérés comme des citoyens de deuxième catégorie dont on s’arroge le droit de mettre en danger la santé afin que des croisiéristes ou des milliardaires puissent se promener sur une mer semi-fermée des plus polluées au monde.
Devant cette situation injuste parce qu’inégalitaire, nous avons fait réaliser des mesures indépendantes sur la pollution émise par les navires par des experts internationaux à Bastia et à Ajaccio, le 11 juin 2018.
ransmises aux autorités, ces mesures ont prouvé l’importance de la pollution émise par les navires dans nos ports de Bastia et d’Ajaccio.
Les conséquences désastreuses de cette pollution en termes de santé publique ont été confirmées lors de la restitution de l’étude ECAMED (zone à émission contrôlée en Méditerranée) introduite par Madame Elisabeth Borne le 18 janvier 2019 à Marseille, ainsi que par le rapport de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) de juillet 2019.
Cette étude ECAMED réalisée pour le Ministère de la transition écologique et solidaire précise même que le passage en zone ECA des eaux territoriales françaises de Méditerranée permettrait à la France de réaliser un bénéfice sanitaire annuel de 65 à 149 millions d’euros, bénéfice supérieur à celui résultant de l’utilisation d’un fuel à 0,5% de soufre, « normalement en application » depuis le 1er janvier 2020 (contenant donc quand même encore 5 fois plus de soufre qu’en Manche-Mer du Nord).
–Le 1er juillet 2019, nous avons été reçus par un représentant du cabinet de Monsieur le Premier Ministre Edouard Philippe, au nom de la coordination corse Terra et du réseau des associations France Nature Environnement en Provence Alpes Côte d’Azur et des associations agréées de la Région PACA pour obtenir le passage en zone ECA de Méditerranée dès 2020, ce qui aurait affirmé un lien d’égalité de traitement des citoyens sur le territoire de la République.
C’est évidemment une intervention restée sans réponse.
En revanche, le 28 juin 2019, la CCI avait déposé une demande pour la mise en place de coffres d’amarrage à destination de la grande plaisance dans le Golfe d’Ajaccio. Cette demande a sans aucun doute bénéficié d’une écoute bien plus attentive que celle des simples citoyens de Corse, puisque ce projet est sur le point d’aboutir !
En juillet 2019, nous sommes intervenus auprès de la Commission transports de L’Union Européenne avec l’appui des associations espagnoles et italiennes pour le passage en zone ECA de la Méditerranée Occidentale.
On attendra 2025 au mieux !
Pourquoi les géants des croisières affluent-ils en Méditerranée ? Parce que la mer est plus chaude ? Parce que les îles sont belles ? La réalité est plus prosaïque !
Puisqu’en Méditerranée on peut utiliser du carburant à forte teneur en soufre, moins onéreux, les puissants groupes pétroliers continuent d’écouler à très bas coût ce « déchet » du pétrole situé juste avant le bitume dans la colonne de raffinage avec le soutien sans faille des armateurs plus enclins à engranger des bénéfices, comme certains États.
Les armateurs peuvent ainsi économiser de 50 à 60% sur les prix des carburants, une aubaine !
A contrario, la situation est insupportable pour les riverains des zones portuaires qui contestent l’hyper-fréquentation de ces gigantesques paquebots de croisières, véritables parcs d’attractions flottants, comme à Venise, Barcelone, Marseille. Et le vent de la révolte se lève aussi en Corse.
Ces bateaux, véritables villes flottantes, gardent leurs moteurs allumés à quai pour couvrir leurs besoins énergétiques très importants et envoient directement leurs fumées dans les appartements riverains. Pollution atmosphérique donc. À laquelle s’ajoute la pollution sonorecausée par les moteurs et les animations, ce qui soulève la colère légitime des personnes impactées. Il faut également noter que ces navires à la consommation électrique démesurée ne pourront pas être branchés à quai.
En conséquence, pour continuer à utiliser du carburant à très bas coût, certains armateurs ont fait installer sur leurs navires des systèmes de réduction des émissions de soufre, appelés « scrubbers ». Ce sont des systèmes de lavage des fumées à boucle ouverte ou fermée;
– Le système ouvert qui rejette les eaux de lavage des fumées dans la mer est autorisé pour autant que ces méthodes n’aient pas d’incidence négative notable sur l’environnement, notamment sur les écosystèmes marins…
Ce qui reste à démontrer !
Ces rejets sont normalement interdits dans la bande des 3 milles nautiques, mais, à titre transitoire, la France a même accordé des dérogations à la Corsica Linea en 2021 pour 3 de ses navires et ce jusqu’en 2026…
Baccalà pà à Corsica ? Sicuramente, baccalà pè u mare.
OR LE GOLFE D’AJACCIO EST CLASSÉ NATURA 2000
C’est une zone dédiée à la conservation des espèces et des habitats, et ce système à boucle ouverte qui rejette les polluants au fond du Golfe est parfaitement contraire aux objectifs Natura 2000. C’est tout simplement un transfert de pollution de l’air à l’eau puisque ces eaux de lavages contiennent :
des contaminants métalliques, (vanadium, zinc, cadmium, plomb, nickel),
des hydrocarbures,
des oxydes de soufre, des oxydes d’azote,
des particules fines et du carbone suie.
Sans oublier que la plaisance à moteur participe aussi à la pollution de l’eau et que ce phénomène sera amplifié par l’accueil de méga-yachts de 60 à 90 m tout autour de la Corse et dans le Golfe d’Ajaccio classé Natura 2000 :
– 4 projets d’amarrage à destination de ces yachts de 60 à 90 m sont prévus dans le golfe d’Ajaccio :
2 devant la plage Saint-François,
1 devant la citadelle,
et 1 devant la plage du Lazaret.
Avec des blocs de béton « éco-conçus » de 30 à 45 tonnes au fond, ces coffres seront assortis de restrictions d’usage pour les habitués des plages de Saint-François et du Lazaret dans les cercles d’évitage !
Depuis 2016, il est également possible pour ces yachts de s’amarrer devant la pointe de la Parata aux Îles Sanguinaires, dans cet espace labellisé « Grand site de France » !
Ces labels sont donc détournés de leur vocation première pour devenir des labels à vocation marchande, destinés à capter une nouvelle clientèle de luxe aux desiderata démesurés que les ports ont cru bon de conquérir pour des raisons économiques.
NOS ASSOCIATIONS apolitiques et non subventionnées sont animées par des bénévoles.
Réunies au sein de la coordination TERRA, elles mènent de longs « combats » chacune dans son secteur d’activité, que ce soit pour la défense de l’environnement ou de la santé en Corse.
La qualité de l’air reste un combat sans fin pour nos associations, un problème toujours d’actualité face à cette augmentation exponentielle des activités portuaires. Nous tirons le signal d’alarme sur ce choix politique et économique en faveur des classes les plus aisées, financé par des plans d’investissement qui se succèdent à coup de milliards comme France relance et Destination France,
En Corse, ces fonds sont utilisés pour augmenter la fréquentation de nos sites les plus précieux afin de satisfaire les desiderata d’une nouvelle clientèle de luxe, au mépris de la Nature et des Corses.
« L’économie doit primer » et on investit de l’argent public dans ces projets destructeurs parfaitement anachroniques aujourd’hui, alors que 18.5 % des foyers vivent en dessous du seuil de pauvreté et que le PIB par habitant est à la baisse en Corse, Région la plus pauvre de France.
C’est un choix politique indécent qui va priver l’usager corse de droits légitimes à la mer en faveur des plus riches !
Alors que le monde social ordinaire, confronté à la réalité du changement climatique, appelé à une plus grande sobriété énergétique et à des restrictions d’usages dans sa consommation d’eau, le nombre de touristes et de navires propulsés à l’énergie fossile grand pourvoyeur de CO2 va croissant, en contradiction totale avec l’urgence climatique et la protection de la biodiversité en dénaturant l’image du golfe classé Natura 2000 et l’image de la Corse toute entière.
L’image de marque « Corse île de beauté » perd de sa beauté, l’image se floute, sans cesse dénaturée par un choix affiché d’un sur-tourisme dévastateur.C’est un modèle économique qui n’est pas soutenable, sauf à flouter l’image jusqu’à ce que la marque disparaisse pénalisant de fait l’ensemble de la Corse et des Corses.
Les atteintes à la qualité de vie des Ajacciens sont incontestables comme sont irréfutables les atteintes à leur cadre de vie et à la Nature. Les quelque 228 navires de croisières attendus cette année, s’ajoutent au fort trafic estival. Ils représentent peut-être une manne financière difficilement quantifiable pour une minorité, mais ils représentent surtout des nuisances flagrantes pour la plus grande majorité.
La pollution des navires de croisière rejetée dans l’air se voit, se sent et se respire, elle s’ajoute au trafic des rouliers (ferries), des méthaniers et pétroliers, de la plaisance à moteur, des avions, des automobiles, de la centrale thermique EDF du Vazzio aujourd’hui et celle du Ricantu demain… Elle n’est pas supportable et s’ajoute également aux épisodes de plus en plus nombreux de pollutions aux poussières désertiques et aux inversions thermiques.
Comme est bien réellela pollution des fonds marins avec les risques néfastes et sous-évalués sur la faune et la flore. (Posidonie, Cymodocée, Grande Nacre, Patelle, Tortue caouanne, Grand Dauphin…). Sans oublier le risque dévastateur d’importation d’espèces invasives et de parasites, ni les conséquences bien réelles, à terre comme en mer du bruit généré par cette hyper activité dans le Golfe.
Les constats sont édifiants :
Baisse du PIB par habitant,nuisances à la vie sociale, santé, bruit, pollution de l’air et accentuation du réchauffement climatique, pollution de l’eau, effondrement de la biodiversité, dégradation des fonds marins, du cadre de vie, et de l’image de la Corse !
À QUAND UN TOURISME SOUTENABLE QUI PROFITERA À TOUS ?
Pourquoi n’est-ce pas la CDC qui décide de la politique d’accueil ou de rejet de ces bateaux de croisière et de celle de l’installation ou non des coffres pour la grande plaisance ?
Pourquoi ne pas accepter uniquement les navires utilisant un fuel à 0,1% de soufre ?
Pourquoi ne pas interdire les navires pollueurs (et suivre l’exemple de Nice) ?
Pourquoi n’y a-t-il pas de contrôles des carburants des navires dans les ports ? (contrôles à rendre publics).
Qu’en sera-t-il du Droit à la mer des Corses dans la bande des 300 m face à la multiplication des projets d’amarrages des yachts dans le Golfe d’Ajaccio et tout autour de la Corse ?
Ces projets de coffres ne sont-ils pas en contradiction avec la pose d’une barge pour l’alimentation de la future centrale du Ricantu en gaz naturel ?
Quel sera l’année prochaine le nombre de paquebots dont plus personne ne veut sous ses fenêtres dans les ports de Méditerranée ?
Pourquoi le mot « quota » est-il tabou à Ajaccio ?
Qualité de l’air à Ajaccio, un combat interminable pour LE GARDE !
Qui se souvient lorsque la ville d’Ajaccio était engloutie sous les épaisses fumées jaunes de la centrale, sans oublier les fumées particulièrement toxiques de la décharge de Saint Antoine en feu ? (article de sept 2003)
Même si on a pu obtenir la fermeture de la décharge et l’obligation pour EDF de brûler de l’urée pour réduire ses émissions d’oxydes d’azote (Nox) ainsi que la mise en place de Qualitair Corse avec près de 5 ans de retard, (on avait oublié la Corse !), les problèmes de la qualité de l’air à Ajaccio restent toujours d’actualité avec l’augmentation exponentielle des activités portuaires.
article de février 2005
Depuis 2016, le GARDE dénonce l’accumulation des retards pour la mise en place d’une zone d’émission contrôlée de soufre en Méditerranée, une zone SECA qui verra le jour peut-être en 2025alors qu’une telle zone existe en Manche-Mer du Nord depuis le 1er janvier 2015.
Les mesures réalisées par l’expert international «transport & environnement »Axel FRIEDRICH le 11 juin 2018 à AJACCIO (et à Bastia) prouvent l’importance de la pollution émise par les navires.
Les conséquences désastreuses en termes de santé publique ont été confirmées lors de la restitution de l’étude ECAMED par Madame Elisabeth Borne le 18 janvier 2019 à Marseille.
Cette étude réalisée pour le Ministère de la transition écologique et solidaire précise même que le passage en zone SECA des eaux territoriales françaises de Méditerranée permettrait à la France de réaliser un bénéfice sanitaire de 149 millions d’euros supérieur à celui résultant de l’utilisation d’un fuel à 0,5% en 2020.
Devant les mesures dilatoires envisagées par la France pour « tenter de convaincre les autres pays riverains », nous avons multiplié nos interventions :
Le 1er juillet 2019 auprès de Monsieur le Premier Ministre Edouard Philippe, au nom de la coordination Corse Terra et du réseau des associations France Nature Environnement en Provence Alpes Côte d’Azur pour obtenir le passage en zone SECA des eaux territoriales françaises de Méditerranée dès 2020, ce qui aurait affirmé un lien d’égalité de traitement des citoyens sur le territoire de la République.
Auprès de la Commission Transports de l’UE avec l’appui de l’Espagne et de l’Italie pour un passage en SECA de la Méditerranée occidentale.
Interventions restées sans effet, puisque « les pétroliers » écoulent à très bas coût «ce déchet» du pétrole qui, pour être «craqué» nécessiterait des investissements colossaux en terme de raffinage.
Aujourd’hui, nous ne connaissons toujours pas la qualité des carburants des navires qui accostent dans nos ports, respectent-ils les valeurs limites imposées depuis 2020 ?
Cette pollution de l’air qui s’ajoute au trafic des rouliers (ferries), des avions, des automobiles, de la centrale, n’est pas supportable en période de canicule, de pollutions aux poussières désertiques.., surtout lorsque le Golfe est en situation d’inversion thermique.
Sans oublier que de façon plus sournoise, certains navires rejettent les eaux de lavage des fumées directement dans l’eau et que ce phénomène sera amplifié par les méga yachts de 60 à 90m dans ce Golfe classé Natura 2000. 4 projets d’amarrage qui seront de plus, assortis de restrictions d’usage pour les plages de Saint-François et du Lazaret !
Le 27 juin 2022 – AVIS DE L’ASSOCIATION LE GARDE sur le projet d’arrêté préfectoral réglementant la navigation et le mouillage aux abords des nids de balbuzard pêcheur situés sur la façade occidentale de la Corse.
En préambule, nous il nous semble important de rappeler les mesures réclamées par le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe depuis 2010 concernant l’application des directives « Oiseaux » et « Habitats » prévu par la convention de Berne concernant la réserve naturelle de Scandola. (Renforcer la règlementation, mieux contrôler les activités touristiques…)
De fait, le site Natura 2000 qui est une zone spéciale de conservation des espèces et des habitats relève des mêmes recommandations concernant le balbuzard. Délimitations des zones de quiétude et leur respect absolu par le renforcement de la règlementation et des contrôles pendant toute la durée du cycle de reproduction.
Nous sommes en 2022, et cette consultation « minimaliste » propose d’appliquer des mesures de protection du plan national 2020- 2029 visant enfin à la protection de l’environnement des côtes françaises dans les limites de ses eaux territoriales, zone où l’État exerce sa pleine souveraineté. (CNUDM Ratifié par la France en 1996).
Le balbuzard pêcheur est inscrit sur la liste rouge de l’UICN depuis 2016.Devant l’effondrement incontestable des populations constaté par les scientifiques depuis 2012 et la perte du diplôme européen de Scandola, ce site Natura 2000 Calvi- Cargèse, soumis à une hyper fréquentation touristique, aurait dû bénéficier de mesures prioritaires de protection des couples nicheurs de balbuzards depuis de nombreuses années.
Les périodes de reproduction en Méditerranée sont clairement définies par des études scientifiques :
À la mi-mars, les couples s’installent, le choix du nid est déterminant.
Entre mi-avril et début mai, la ponte compte en général 2 à 3 œufs pondus entre 1 et 3 jours d’intervalle.
. L’incubation dure entre 34 et 40 jours et débute dès la ponte du premier œuf.
. Les deux partenaires participent à la couvaison.
Tout dérangement perturbe ce cycle de reproduction :
Dès la mi-mars : Toute perturbation qui dérange leur période d’installation compromet l’intégralité du cycle.
Pendant les périodes de couvaison et de nourrissage, l’hyper fréquentation bruyante porte atteinte à leur activité en obligeant les oiseaux à chasser très loin du nid jusqu’à l’épuisement et parfois même jusqu’à l’abandon des nids.
En général, tous les jeunes balbuzards savent voler fin juillet et deviennent indépendants un mois après l’envol.
Peu à peu, le couple diminue l’apport en nourriture pour inciter les jeunes à partir à la pêche. Parfois même, le groupe reste uni jusqu’en automne car les jeunes ne savent pas encore pêcher correctement. Le mâle leur apporte encore régulièrement du poisson vivant.
En conséquence, les zones de quiétude doivent être établies autour detous les nids en mars, ils doivent être soumis à évaluation dès la mi-mars puis très régulièrement afin de déterminer les nids susceptibles d’aboutir à des envols et devant faire l’objet de zones de quiétude de longue durée.
En mai 2022 – Le Document d’Objectifs des sites Natura 2000 du secteur « Calvi-Carghjese » Charte Natura 2000 de bonnes pratiques, publié par l’OEC fait état deszones de quiétude actualisées annuellement enconcertation avec les représentants des usagers et des socio-professionnels du secteur ».
En avril 2022, le nombre de zones de quiétude a été étendu à 32 zones protégeant 34 nids.
♦ Parmi celles-ci, 17 ont été actées comme actives chacune d’entre elles comprenant 1 nid portant les signes d’une reproduction certaine ou probable selon les données disponibles au 29 mars. ♦ Au 18 mai 2022, la reproduction apparaît certaine dans 8 de ces 17 nids. ♦♦♦ Toutefois, pour 2 d’entre eux (Punta Coda et Orchinu artificiel), le processus de reproduction a finalement échoué et les zones de quiétude préalablement actées peuvent être définitivement levées. ☻☻☻ Par ailleurs, 5 NIDS NE BENEFICIENT PAS D’UNE ZONE DE QUIETUDE ALORS QU’ILS SONT CONSIDÉRÉS EN REPRODUCTION CERTAINE cette année. (????)
ON DOIT DONC SOULIGNER LES APPROXIMATIONS concernant le comptage des nids occupés ou non, la mise en place ou non des zones de quiétude des nids en reproduction. Une mission qui devrait être confiée à un ornithologue indépendant dès mi- mars pour des raisons de neutralité.
D’après ce document, on peut donc considérer que sur les 17 nids qui sont actifs au 29 mars 11 nids sont en reproduction certaine au 18 mai 2022. Et seulement 8 nids figurent dans le projet d’arrêté établi sur les données du 17 juin
En conséquence, et selon les chiffres dont nous disposons dans la charte, on doit admettre que sur 17 nids actifs fin mars, il en reste 11 en reproduction certaine au 18 mai, puis 8 en reproduction certaine au 17 juin et figurant dans le projet d’arrêté.
On peut relever une constante, chaque mois, 3 nids actifs ou en reproduction certaine, sont abandonnés.
Où ? Pourquoi ?
En grande partie pour les raisons de dérangements induits par une sur-fréquentation touristique insuffisamment encadrée, (vacances de Pâques ?), ce qui, nous semble t-il, justifie la mise en place des zones de quiétude dès le mois de mars autour de tous les nids, puis sur avis du suivi réalisé par un ornithologue indépendant, sans oublier le renforcement des contrôles qui devraient être réalisés par la police maritime.
Pour ce faire, un nouveau navire serait le bienvenu.
D’autre part, l’interdiction du jet-ski devrait figurer clairement dans cet arrêté. (Cf. Document Conseil de l’Europe).