Destination les ports de Méditerranée et donc la Corse pour les croisiéristes ! En Corse, la fréquentation de nos ports de Bastia et d’Aiacciu connaît une augmentation fulgurante, passant de 126 paquebots en 2019 à 228 navires attendus cette année à Ajaccio !
Destination les rivages de Corse pour la grande plaisance ! En Corse, l’État prévoit d’installer, avec de l’argent public, tout autour de l’île et face à nos plus beaux sites, des coffres d’amarrage pour l’accueil des yachts. (Des centaines de yachts).
Et la Chambre de commerce et d’industrie d’Ajaccio, à l’insu de son plein gré, a décidé toute seule, oui toute seule, de gâter les Ajacciens ! Des bateaux de croisière géants accostent tous les jours et quatre coffres sont prévus dans le golfe. Pour la CCI ne compte que la redevance que ces navires payent pour s’amarrer… une manne !
Les pollutions engendrées ? Si la CCI les ignore, les Ajacciens les subissent en mettant leur santé en danger. Il suffit de regarder les fumées dégagées par les cheminées de ces monstres.
Le transport maritime est régi par l’Organisation Maritime Internationale. (OMI, annexe VI de la Convention MARPOL). Afin de maîtriser la pollution de l’air, la teneur en soufre des carburants est limitée à 0,1 % de soufre et des zones à émission contrôlée (zone ECA) ont été mises en place.
Par exemple, en France, une zone à émission contrôlée existe depuis le 1er janvier 2015 en Manche-Mer du Nord. En Méditerranée les carburants autorisés en contiennent de 35 à 45 fois plus (de 1 kg à 35 voire 45 kg par tonne !).
Depuis 2016, le GARDE dénonce l’accumulation des retards constatés pour la mise en place d’une zone d’émission contrôlée en Méditerranée : une zone ECA qui verra peut-être le jour en 2025. Les Méditerranéens que nous sommes sont sans doute considérés comme des citoyens de deuxième catégorie dont on s’arroge le droit de mettre en danger la santé afin que des croisiéristes ou des milliardaires puissent se promener sur une mer semi-fermée des plus polluées au monde.
Devant cette situation injuste parce qu’inégalitaire, nous avons fait réaliser des mesures indépendantes sur la pollution émise par les navires par des experts internationaux à Bastia et à Ajaccio, le 11 juin 2018.
ransmises aux autorités, ces mesures ont prouvé l’importance de la pollution émise par les navires dans nos ports de Bastia et d’Ajaccio.
Les conséquences désastreuses de cette pollution en termes de santé publique ont été confirmées lors de la restitution de l’étude ECAMED (zone à émission contrôlée en Méditerranée) introduite par Madame Elisabeth Borne le 18 janvier 2019 à Marseille, ainsi que par le rapport de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) de juillet 2019.
Cette étude ECAMED réalisée pour le Ministère de la transition écologique et solidaire précise même que le passage en zone ECA des eaux territoriales françaises de Méditerranée permettrait à la France de réaliser un bénéfice sanitaire annuel de 65 à 149 millions d’euros, bénéfice supérieur à celui résultant de l’utilisation d’un fuel à 0,5% de soufre, « normalement en application » depuis le 1er janvier 2020 (contenant donc quand même encore 5 fois plus de soufre qu’en Manche-Mer du Nord).
–Le 1er juillet 2019, nous avons été reçus par un représentant du cabinet de Monsieur le Premier Ministre Edouard Philippe, au nom de la coordination corse Terra et du réseau des associations France Nature Environnement en Provence Alpes Côte d’Azur et des associations agréées de la Région PACA pour obtenir le passage en zone ECA de Méditerranée dès 2020, ce qui aurait affirmé un lien d’égalité de traitement des citoyens sur le territoire de la République.
C’est évidemment une intervention restée sans réponse.
En revanche, le 28 juin 2019, la CCI avait déposé une demande pour la mise en place de coffres d’amarrage à destination de la grande plaisance dans le Golfe d’Ajaccio. Cette demande a sans aucun doute bénéficié d’une écoute bien plus attentive que celle des simples citoyens de Corse, puisque ce projet est sur le point d’aboutir !
En juillet 2019, nous sommes intervenus auprès de la Commission transports de L’Union Européenne avec l’appui des associations espagnoles et italiennes pour le passage en zone ECA de la Méditerranée Occidentale.
On attendra 2025 au mieux !
Pourquoi les géants des croisières affluent-ils en Méditerranée ? Parce que la mer est plus chaude ? Parce que les îles sont belles ? La réalité est plus prosaïque !
Puisqu’en Méditerranée on peut utiliser du carburant à forte teneur en soufre, moins onéreux, les puissants groupes pétroliers continuent d’écouler à très bas coût ce « déchet » du pétrole situé juste avant le bitume dans la colonne de raffinage avec le soutien sans faille des armateurs plus enclins à engranger des bénéfices, comme certains États.
Les armateurs peuvent ainsi économiser de 50 à 60% sur les prix des carburants, une aubaine !
A contrario, la situation est insupportable pour les riverains des zones portuaires qui contestent l’hyper-fréquentation de ces gigantesques paquebots de croisières, véritables parcs d’attractions flottants, comme à Venise, Barcelone, Marseille. Et le vent de la révolte se lève aussi en Corse.
Ces bateaux, véritables villes flottantes, gardent leurs moteurs allumés à quai pour couvrir leurs besoins énergétiques très importants et envoient directement leurs fumées dans les appartements riverains. Pollution atmosphérique donc. À laquelle s’ajoute la pollution sonore causée par les moteurs et les animations, ce qui soulève la colère légitime des personnes impactées. Il faut également noter que ces navires à la consommation électrique démesurée ne pourront pas être branchés à quai.
En conséquence, pour continuer à utiliser du carburant à très bas coût, certains armateurs ont fait installer sur leurs navires des systèmes de réduction des émissions de soufre, appelés « scrubbers ». Ce sont des systèmes de lavage des fumées à boucle ouverte ou fermée;
– Le système ouvert qui rejette les eaux de lavage des fumées dans la mer est autorisé pour autant que ces méthodes n’aient pas d’incidence négative notable sur l’environnement, notamment sur les écosystèmes marins…
Ce qui reste à démontrer !
Ces rejets sont normalement interdits dans la bande des 3 milles nautiques, mais, à titre transitoire, la France a même accordé des dérogations à la Corsica Linea en 2021 pour 3 de ses navires et ce jusqu’en 2026…
Baccalà pà à Corsica ? Sicuramente, baccalà pè u mare.
OR LE GOLFE D’AJACCIO EST CLASSÉ NATURA 2000
C’est une zone dédiée à la conservation des espèces et des habitats, et ce système à boucle ouverte qui rejette les polluants au fond du Golfe est parfaitement contraire aux objectifs Natura 2000. C’est tout simplement un transfert de pollution de l’air à l’eau puisque ces eaux de lavages contiennent :
- des contaminants métalliques, (vanadium, zinc, cadmium, plomb, nickel),
- des hydrocarbures,
- des oxydes de soufre, des oxydes d’azote,
- des particules fines et du carbone suie.
Sans oublier que la plaisance à moteur participe aussi à la pollution de l’eau et que ce phénomène sera amplifié par l’accueil de méga-yachts de 60 à 90 m tout autour de la Corse et dans le Golfe d’Ajaccio classé Natura 2000 :
– 4 projets d’amarrage à destination de ces yachts de 60 à 90 m sont prévus dans le golfe d’Ajaccio :
- 2 devant la plage Saint-François,
- 1 devant la citadelle,
- et 1 devant la plage du Lazaret.
Avec des blocs de béton « éco-conçus » de 30 à 45 tonnes au fond, ces coffres seront assortis de restrictions d’usage pour les habitués des plages de Saint-François et du Lazaret dans les cercles d’évitage !
Depuis 2016, il est également possible pour ces yachts de s’amarrer devant la pointe de la Parata aux Îles Sanguinaires, dans cet espace labellisé « Grand site de France » !
Ces labels sont donc détournés de leur vocation première pour devenir des labels à vocation marchande, destinés à capter une nouvelle clientèle de luxe aux desiderata démesurés que les ports ont cru bon de conquérir pour des raisons économiques.
NOS ASSOCIATIONS apolitiques et non subventionnées sont animées par des bénévoles.
Réunies au sein de la coordination TERRA, elles mènent de longs « combats » chacune dans son secteur d’activité, que ce soit pour la défense de l’environnement ou de la santé en Corse.
La qualité de l’air reste un combat sans fin pour nos associations, un problème toujours d’actualité face à cette augmentation exponentielle des activités portuaires. Nous tirons le signal d’alarme sur ce choix politique et économique en faveur des classes les plus aisées, financé par des plans d’investissement qui se succèdent à coup de milliards comme France relance et Destination France,
En Corse, ces fonds sont utilisés pour augmenter la fréquentation de nos sites les plus précieux afin de satisfaire les desiderata d’une nouvelle clientèle de luxe, au mépris de la Nature et des Corses.
« L’économie doit primer » et on investit de l’argent public dans ces projets destructeurs parfaitement anachroniques aujourd’hui, alors que 18.5 % des foyers vivent en dessous du seuil de pauvreté et que le PIB par habitant est à la baisse en Corse, Région la plus pauvre de France.
C’est un choix politique indécent qui va priver l’usager corse de droits légitimes à la mer en faveur des plus riches !
Alors que le monde social ordinaire, confronté à la réalité du changement climatique, appelé à une plus grande sobriété énergétique et à des restrictions d’usages dans sa consommation d’eau, le nombre de touristes et de navires propulsés à l’énergie fossile grand pourvoyeur de CO2 va croissant, en contradiction totale avec l’urgence climatique et la protection de la biodiversité en dénaturant l’image du golfe classé Natura 2000 et l’image de la Corse toute entière.
L’image de marque « Corse île de beauté » perd de sa beauté, l’image se floute, sans cesse dénaturée par un choix affiché d’un sur-tourisme dévastateur. C’est un modèle économique qui n’est pas soutenable, sauf à flouter l’image jusqu’à ce que la marque disparaisse pénalisant de fait l’ensemble de la Corse et des Corses.
Les atteintes à la qualité de vie des Ajacciens sont incontestables comme sont irréfutables les atteintes à leur cadre de vie et à la Nature. Les quelque 228 navires de croisières attendus cette année, s’ajoutent au fort trafic estival. Ils représentent peut-être une manne financière difficilement quantifiable pour une minorité, mais ils représentent surtout des nuisances flagrantes pour la plus grande majorité.
La pollution des navires de croisière rejetée dans l’air se voit, se sent et se respire, elle s’ajoute au trafic des rouliers (ferries), des méthaniers et pétroliers, de la plaisance à moteur, des avions, des automobiles, de la centrale thermique EDF du Vazzio aujourd’hui et celle du Ricantu demain… Elle n’est pas supportable et s’ajoute également aux épisodes de plus en plus nombreux de pollutions aux poussières désertiques et aux inversions thermiques.
Comme est bien réelle la pollution des fonds marins avec les risques néfastes et sous-évalués sur la faune et la flore. (Posidonie, Cymodocée, Grande Nacre, Patelle, Tortue caouanne, Grand Dauphin…). Sans oublier le risque dévastateur d’importation d’espèces invasives et de parasites, ni les conséquences bien réelles, à terre comme en mer du bruit généré par cette hyper activité dans le Golfe.
Les constats sont édifiants :
Baisse du PIB par habitant,nuisances à la vie sociale, santé, bruit, pollution de l’air et accentuation du réchauffement climatique, pollution de l’eau, effondrement de la biodiversité, dégradation des fonds marins, du cadre de vie, et de l’image de la Corse !
À QUAND UN TOURISME SOUTENABLE QUI PROFITERA À TOUS ?
- Pourquoi n’est-ce pas la CDC qui décide de la politique d’accueil ou de rejet de ces bateaux de croisière et de celle de l’installation ou non des coffres pour la grande plaisance ?
- Pourquoi ne pas accepter uniquement les navires utilisant un fuel à 0,1% de soufre ?
- Pourquoi ne pas interdire les navires pollueurs (et suivre l’exemple de Nice) ?
- Pourquoi n’y a-t-il pas de contrôles des carburants des navires dans les ports ? (contrôles à rendre publics).
- Qu’en sera-t-il du Droit à la mer des Corses dans la bande des 300 m face à la multiplication des projets d’amarrages des yachts dans le Golfe d’Ajaccio et tout autour de la Corse ?
- Ces projets de coffres ne sont-ils pas en contradiction avec la pose d’une barge pour l’alimentation de la future centrale du Ricantu en gaz naturel ?
- Quel sera l’année prochaine le nombre de paquebots dont plus personne ne veut sous ses fenêtres dans les ports de Méditerranée ?
- Pourquoi le mot « quota » est-il tabou à Ajaccio ?
U TROPPU STROPPIA !