Le 27 juin 2022 – AVIS DE L’ASSOCIATION LE GARDE sur le projet d’arrêté préfectoral réglementant la navigation et le mouillage aux abords des nids de balbuzard pêcheur situés sur la façade occidentale de la Corse.
En préambule, nous il nous semble important de rappeler les mesures réclamées par le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe depuis 2010 concernant l’application des directives « Oiseaux » et « Habitats » prévu par la convention de Berne concernant la réserve naturelle de Scandola. (Renforcer la règlementation, mieux contrôler les activités touristiques…)
De fait, le site Natura 2000 qui est une zone spéciale de conservation des espèces et des habitats relève des mêmes recommandations concernant le balbuzard. Délimitations des zones de quiétude et leur respect absolu par le renforcement de la règlementation et des contrôles pendant toute la durée du cycle de reproduction.
Nous sommes en 2022, et cette consultation « minimaliste » propose d’appliquer des mesures de protection du plan national 2020- 2029 visant enfin à la protection de l’environnement des côtes françaises dans les limites de ses eaux territoriales, zone où l’État exerce sa pleine souveraineté. (CNUDM Ratifié par la France en 1996).
Le balbuzard pêcheur est inscrit sur la liste rouge de l’UICN depuis 2016. Devant l’effondrement incontestable des populations constaté par les scientifiques depuis 2012 et la perte du diplôme européen de Scandola, ce site Natura 2000 Calvi- Cargèse, soumis à une hyper fréquentation touristique, aurait dû bénéficier de mesures prioritaires de protection des couples nicheurs de balbuzards depuis de nombreuses années.
Les périodes de reproduction en Méditerranée sont clairement définies par des études scientifiques :
À la mi-mars, les couples s’installent, le choix du nid est déterminant.
Entre mi-avril et début mai, la ponte compte en général 2 à 3 œufs pondus entre 1 et 3 jours d’intervalle.
. L’incubation dure entre 34 et 40 jours et débute dès la ponte du premier œuf.
. Les deux partenaires participent à la couvaison.
Tout dérangement perturbe ce cycle de reproduction :
Dès la mi-mars : Toute perturbation qui dérange leur période d’installation compromet l’intégralité du cycle.
Pendant les périodes de couvaison et de nourrissage, l’hyper fréquentation bruyante porte atteinte à leur activité en obligeant les oiseaux à chasser très loin du nid jusqu’à l’épuisement et parfois même jusqu’à l’abandon des nids.
En général, tous les jeunes balbuzards savent voler fin juillet et deviennent indépendants un mois après l’envol.
Peu à peu, le couple diminue l’apport en nourriture pour inciter les jeunes à partir à la pêche.
Parfois même, le groupe reste uni jusqu’en automne car les jeunes ne savent pas encore pêcher correctement. Le mâle leur apporte encore régulièrement du poisson vivant.
En conséquence, les zones de quiétude doivent être établies autour de tous les nids en mars, ils doivent être soumis à évaluation dès la mi-mars puis très régulièrement afin de déterminer les nids susceptibles d’aboutir à des envols et devant faire l’objet de zones de quiétude de longue durée.
En mai 2022 – Le Document d’Objectifs des sites Natura 2000 du secteur « Calvi-Carghjese » Charte Natura 2000 de bonnes pratiques, publié par l’OEC fait état des zones de quiétude actualisées annuellement en concertation avec les représentants des usagers et des socio-professionnels du secteur ».
En avril 2022, le nombre de zones de quiétude a été étendu à 32 zones protégeant 34 nids.
♦ Parmi celles-ci, 17 ont été actées comme actives chacune d’entre elles comprenant 1 nid portant les signes d’une reproduction certaine ou probable selon les données disponibles au 29 mars.
♦ Au 18 mai 2022, la reproduction apparaît certaine dans 8 de ces 17 nids.
♦♦♦ Toutefois, pour 2 d’entre eux (Punta Coda et Orchinu artificiel), le processus de reproduction a finalement échoué et les zones de quiétude préalablement actées peuvent être définitivement levées.
☻☻☻ Par ailleurs, 5 NIDS NE BENEFICIENT PAS D’UNE ZONE DE QUIETUDE ALORS QU’ILS SONT CONSIDÉRÉS EN REPRODUCTION CERTAINE cette année. (????)
ON DOIT DONC SOULIGNER LES APPROXIMATIONS concernant le comptage des nids occupés ou non, la mise en place ou non des zones de quiétude des nids en reproduction.
Une mission qui devrait être confiée à un ornithologue indépendant dès mi- mars pour des raisons de neutralité.
D’après ce document, on peut donc considérer que sur les 17 nids qui sont actifs au 29 mars
11 nids sont en reproduction certaine au 18 mai 2022.
Et seulement 8 nids figurent dans le projet d’arrêté établi sur les données du 17 juin
En conséquence, et selon les chiffres dont nous disposons dans la charte, on doit admettre que sur 17 nids actifs fin mars, il en reste 11 en reproduction certaine au 18 mai, puis 8 en reproduction certaine au 17 juin et figurant dans le projet d’arrêté.
On peut relever une constante, chaque mois, 3 nids actifs ou en reproduction certaine, sont abandonnés.
Où ? Pourquoi ?
En grande partie pour les raisons de dérangements induits par une sur-fréquentation touristique insuffisamment encadrée, (vacances de Pâques ?), ce qui, nous semble t-il, justifie la mise en place des zones de quiétude dès le mois de mars autour de tous les nids, puis sur avis du suivi réalisé par un ornithologue indépendant, sans oublier le renforcement des contrôles qui devraient être réalisés par la police maritime.
Pour ce faire, un nouveau navire serait le bienvenu.
D’autre part, l’interdiction du jet-ski devrait figurer clairement dans cet arrêté. (Cf. Document Conseil de l’Europe).