RÉSERVE DE SCANDOLA : la concertation est lancée.
Le GARDE a participé, en tant qu’observateur, à la deuxième réunion de concertation qui s’est tenue ce lundi 15 Juillet à l’office de tourisme de Porto.
Le président de l’office de l’environnement François Sargentini et le président du PNRC Jacques Costa ont mené les débats.
En préambule, nous devons souligner notre satisfaction d’apprendre que la gestion de la partie maritime de la réserve va enfin être finalisée et confiée à l’Office de l’Environnement de la Corse.
Cette gestion était jusque là réalisée depuis Toulon, générant les incompréhensions légitimes des intervenants maintenus à l’écart des études et des décisions.
Ces nouvelles dispositions permettent aujourd’hui à L’OEC d’associer tous les acteursafin de définir dans une large concertation les objectifs de régulation des activités dans la réserve de Scandola alliant préservation et économie avec l’ensemble des intervenants.
Il est évident que des décisions partagées seront plus légères à respecter.
Les doléances soulevées à l’encontre des associations : L’association des bateliers représentée par Éric Cappy a reproché aux associations d’avoir relayé sur leurs sites et pages Facebook des études scientifiques erronées.
Il faut rappeler que le Conseil Scientifique de la réserve ne s’était pas réuni depuis au moins 2 ans, et que nous avons axé nos déclarations sur les études soumises à délibération des Ministres du Conseil de l’Europe, et réalisées à cet effet par leur expert depuis 2005.
Les maires de Serriera, de Galeria, Ota, Piana, et Partinello ont pris tour à tour la parole. Madame la maire de Piana n’a pu s’empêcher de fustiger les actions des associations sur l’urbanisme, ce qui n était pas le sujet de la réunion…
Le maire de Partinello a fait un constat simple bien au delà des études scientifiques, et qui résume la situation de la réserve. « Il n’y a pas si longtemps en regardant la mer depuis ma colline, c’était le Far West, c’est beaucoup mieux depuis deux ou trois ans. » Nous tenons aussi à rétablir la totalité de son intervention concernant les associations de défense de l’environnement : « je dirais aux associations, vous avez souvent raison mais ayez des doutes »
Pour résumer, nous connaissons les reproches quant aux études scientifiques sur lesquelles nous nous appuyons, elles sont souvent jugées pessimistes, erronées, fantaisistes, comme celles que nous avions publiées lors du passage du nuage de Tchernobyl , de la pollution du Golfe d ‘Ajaccio par la centrale EDF du Vazziu avant la mise en place d’un organisme indépendant d’EDF mesurant la qualité de l’air, nos alertes sur le changement climatique en Corse en 1997 et qui faisaient sourire, et enfin celles effectuées à nos frais sur la pollution des navires dans les ports de Bastia et d’Ajaccio.
Mais comme il a été dit tout au long de la réunion ne parlons plus du passé.
De nouvelles études scientifiques ont été réalisées et sont moins pessimistes que celles que nous avons publiées : dont acte.
A Scandola, une régulation a été mise en place, elle est respectée à 98%. Les Balbuzards nourrissent mieux leurs oisillons : c’est une excellente nouvelle.
Le bilan de la saison sera présenté en Octobre lors de la prochaine réunion de concertation.
Nous avons pu à l’issu de la réunion entamer un dialogue avec des bateliers, des pêcheurs, des maires en rappelant notre rôle de lanceur d’alerte et en rappelant aussi que nous avions à l époque milité pour la création et la pérennité de cette réserve alors que de nombreuses personnes pensaient que cette réserve serait un frein à l’économie locale.
Dans un proche avenir, il sera même peut-être utile de faire intervenir un organisme de contrôle indépendant des acteurs de Scandola et des associations, comme cela se fait pour la mesure de la pollution de l’air, (mesure qui était faite auparavant par EDF et systématiquement remise en cause) ou comme on le fait pour une entreprise avec un audit externe.
L’exemple de la gestion de la langouste à l’ile Saint Paul et Amsterdam par le muséum d’histoire naturelle est remarquable et donne entière satisfaction aux pêcheries de la Réunion depuis 1950.
L’avis scientifique sur les quotas de pêche est élaboré à partir d’indicateurs qui permettent de suivre les tendances des stocks. En 2016, il a été créé un indice d’abondance, indépendant des données commerciales, qui a permis d’améliorer la connaissance sur la croissance et la dynamique spatiale de la langouste.
Pour conclure, nous sommes convaincus que des échanges réguliers et transparents autour de la réserve de Scandola, permettront à chacun de poursuivre son activité dans le respect de ce joyau du patrimoine environnemental de la Corse.
Et les associations resteront dans leur rôle de lanceur d’alerte afin de sauvegarder l’intégrité de cet héritage que nous devons tous ensemble transmettre au futur.