Projet de révision du décret de la réserve naturelle de Scandola.

Observations du Garde
Classée réserve naturelle en 1975, ce site, golfe de Porto, Calanches de Piana, Golfe de Girolata, Réserve de Scandola a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial en 1983 lors de la 7ème session du Comité du patrimoine mondial pour des critères esthétiques et de biodiversité.
– La France, État partie de la Convention du patrimoine mondial est signataire de la Convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe de 1979.
– On retiendra qu’une surpopulation de balbuzards a été l’origine d’un transfert d’oiseaux entre Corse et Toscane en 2009. (Ce transfert a-t-il été réalisé sur une proposition ou une décision d’ordre scientifique ou politique ?)
– En février 2012, L’UICN et le Centre du patrimoine mondial découvrent l’octroi par la France, d’un troisième permis exclusif de recherche sismique en trois dimensions pour la prospection d’hydrocarbures liquides ou gazeux sur plus de 9300 Km² à proximité du bien, soulignant ainsi de fait, la prévalence de l’exploitation économique des ressources naturelles par la France sur tout autre considération.
– Le Conseil des Ministres du Comité du patrimoine mondial (qui regroupe une cinquantaine de pays) estimant ces diverses pressions d’ordre économique exercées sur le site et les espèces comme parfaitement incompatibles avec les engagements de la France, obtient le retrait du permis de prospection offshore d’hydrocarbures liquides ou gazeux en 2012 jusqu’à l’instauration par la France en octobre 2012 d’une zone économique exclusive (ZEE), au large des côtes du territoire de la République en Méditerranée et en limite extérieure des eaux territoriales à l’ouest de la Corse. 
-Décret n° 2012-1148 du 12 octobre 2012 –

– Face à l’inaction récurrente, la Réserve perd son label en 2019.
– Lors de sa dernière réunion en 2023 et même si le Comité du patrimoine mondial salue la révision de ce décret qui remonte à sa création en 1975 (alors que la fréquentation de la réserve était limitée), l’absence d’avancement dans l’élaboration d’une gestion globale du bien, demandée il y a maintenant reste particulièrement préoccupante.
– Bien que la France ait reconnu le problème dans ses différents rapports et dans sa correspondance avec le Centre du patrimoine mondial, peu de mesures ont été prises à ce jour pour y remédier, et l’État préférant se défausser, se concentre sur la nécessité de recueillir davantage de données sur la fréquentation du site au lieu de prendre des mesures concrètes et urgentes pour traiter le problème de la pression touristique, comme le demande le Comité, par exemple en limitant la vitesse et le nombre de navires accédant à la zone par un numérus clausus.
– Face à l’absence de contraintes et de mesures de coercitions de la Charte rédigée à l’attention des différents acteurs intervenants sur le site, nous soulignons la pertinence des arrêtés préfectoraux de protection du biotope libellés sous la pression des associations locales, avec la création d’une zone de protection intégrale interdite d’accès toute l’année autour de trois nids, ainsi que la création de zones de protection renforcée pour des nids « à venir ».
Afin de nuancer cet avis nous émettons une vive réserve concernant la rédaction de l’article 9.
Considérant « les permis de recherche sismique en trois dimensions pour la prospection d’hydrocarbures liquides ou gazeux » point développé supra et la proximité de la Zone Économique Exclusive (Décret 2012)
Dans ce projet de Décret, la rédaction de l’article 9 reste particulièrement floue, « exploitation de matériaux non concessibles à titre professionnel.., autorisations de forages ou sondages dans le cadre de recherches.. »
Les permis de prospection offshore sont-ils sous-entendus ?
Dans le tableau comparatif art.9 : Et même si nous apprécions l’AJOUT concernant la « volonté d’interdire » l’exploitation minière sur la partie terrestre et marine (aux impacts écologiques incontestablement importants bien que difficilement mesurables à l’heure actuelle) nous demandons que les termes « volonté d’interdire » soient remplacés par INTERDICTION et que les mots «recherches sismiques à fin de prospection d’hydrocarbures liquides ou gazeux » figurent également clairement dans cet article.
Aussi et afin d’afficher clairement sa volonté de protection de la valeur universelle exceptionnelle du patrimoine environnemental de ce site pour la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel sur la scène internationale, la France État parti de la Convention de Berne doit s’engager résolument dans sa mission régalienne de contrôles effectifs afin de préserver ce site conformément à ses engagements internationaux.
– Une image de la France à étayer pour accueillir la troisième Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC – Nice juin 2025).
– « La Corse » devrait quant à elle s’enorgueillir de ses richesses universelles remarquables et adopter des mesures de protection raisonnées et raisonnables sans exhiber les sites labellisés comme de simples produits d’appels mis en avant par des campagnes de marketing récurrentes.
Ces « produits leaders » emblématiques de l’image de la Corse assurent la promotion et le chiffre d’affaire d’un tourisme débridé et prédateur alors même qu’on observe sur le site l’apparition d’espèces exotiques envahissantes, un signal d’alarme incontestable !
Le 11 février 2025 La Direction collégiale