Concertation EDF Ricanto : un marché de dupe

     CONCERTATION CENTRALE DU RICANTO

EN préambule nous voudrions souligner que la concertation actuelle entre vos services et nos observations du 28 janvier 2019 sur le projet initial ont abouti sur deux points que nous considérons comme très importants :

1 – L’abandon du système de refroidissement par eau de mer en fond de Golfe, qui aurait eu des conséquences dramatiques sur les écosystèmes aquatiques d’une zone classée Natura 2000 en mer.
« Il est évident qu’un rejet de 480 000 tonnes par jour d’eau à + 7° en sortie, au même point de rejet et ce pendant 35 ans au minimum, ne pouvait pas être considéré comme sans incidence sur le milieu, cette pollution thermique diffuse entrainant des effets locaux importants, en particulier sur les écosystèmes aquatiques ».

2- La prise en compte de nos observations sur l’implantation du projet de Centrale dans une « zone inondable classée en aléa moyen » et potentiellement concernée par le « risque submersion » (risque absent du dossier soumis à EP) qui a abouti à:
– La nécessité de surélever la plateforme.
– Et à l’adaptation les bassins de rétention.

Mais, si nous nous félicitons de ces avancées, nous ne pouvons qu’exprimer notre déception sur d’autres points, tout aussi importants:

1- Nous regrettons l’absence de CONSULTATION DU BRGM dont l’expertise aurait permis d’affiner l’étude de 1986 concernant la PRESENCE D’UNE NAPPE PHREATIQUE AFFLEURANTE :
« L’assise de l’ouvrage devra être réalisée en grande profondeur,
Obligeant à des rabattements de la nappe phréatique localisée aux alentours de +0,50mNGF, pendant la durée des travaux de fouille. Les volumes liés au rabattement de nappe seront de l’ordre de 75 m3 par jour et par opération principale en profondeur pour une durée de 4 à 5 mois par opération, soit environ 50000 m3 au total ».

Considérant cette étude du BRGM de 1986 sur le forage du Vazzio :
http://infoterre.brgm.fr/rapports/86-SGN-089-CSC.pdf
« Au droit de la Centrale EDF du Vazzio, les premiers mètres, constitués de remblais et/ou d’arènes granitiques ainsi que de zones fissurées, peuvent être aquifères.
Cf. : « Le substratum granitique a été repéré au droit d’un des sondages à 20m de profondeur. Ce granite présente de nombreuses fractures. L’eau thermale semble être apparue en profondeur.

Néanmoins, il est difficile de pouvoir étendre des conclusions sur l’écoulement aquifère à partir de ce seul sondage»

 Pourquoi le BRGM n’a-t-il pas été consulté sur ce projet, quand tout semble indiquer la présence d’EAU THERMALE ?

LE GARDE considère que des études complémentaires devraient être réalisées afin de déterminer si le système hydrologique qui semble en présence ne sera pas déstabilisé par le pompage des 50000 m3 envisagés dans le dossier.
Ce volume (qui peut sembler modeste) pourrait-il entraîner une éventuelle détérioration des qualités intrinsèques d’une eau thermale éventuellement en présence, ainsi que la perte du potentiel économique qui pourrait en découler ?

2- Concernant les cours d’eau VAZZIO et SALIVE :

Dans le dossier soumis à EP leur état écologique est déclaré globalement mauvais.
– « l’état écologique est considéré comme médiocre sur la Salive amont S0 ;
– – l’état écologique est mauvais sur la salive aval S1 et S2bis ;
– – l’état écologique est mauvais sur le Vazzio. »
– « En ce qui concerne les cours d’eau de la Salive et du Vazzio, les enjeux recensés pour ces masses d’eau sont faibles. Néanmoins la qualité de ces deux cours d’eau apparaît comme dégradée, leur sensibilité est donc moyenne. Il conviendra de veiller à ne pas dégrader leur état dans le cadre du projet. »

Ces ruisseaux se jettent dans Le Golfe d’Ajaccio classé Natura 2000 où les eaux de qualité écologique moyenne doivent atteindre le bon état. (DOCOB Natura 2000 Golfe d’Ajaccio).

Bien que particulièrement dégradés, ces ruisseaux serviront-ils encore d’exutoires pour des effluents divers après mise en conformité mais avec les risques potentiels de déversements accidentels de polluant chimique ou d’hydrocarbure comme celui du 20/10/2015 ?

LE GARDE reste dans l’attente des ANALYSES CHIMIQUES DES SEDIMENTS prélevés dans le lit de ces cours d’eau :
Dans le dossier soumis à enquête publique, les prélèvements réalisés aux points 8, 9 et 10 de la plage du Ricanto (des points éloignés de l’embouchure) présentent des dépassements des seuils N1 :
Le point 8 présente des dépassements des seuils N1 en PCB 138, PCB 153 et PCB 180.
Le point 9 présente un dépassement des seuils N1 en fluorène ;
Le point 10 présente des dépassements des seuils N1 pour l’acénaphtène et le fluorène.

 Qu’en sera-t-il des sédiments directement prélevés dans le lit de ces cours d’eau ?

ENFIN ET SURTOUT LE GARDE CONSIDÈRE COMME INADAPTÉ LE SITE D’IMPLANTATION RETENU POUR CE PROJET.

Car si la conception et la localisation de cette infrastructure reposaient à l’origine sur une alimentation au gaz, il semblerait que la centrale que vous projetez d’implanter ne soit en fait qu’une centrale au fuel (ou biomasse liquide) et que l’alimentation « transitoire ou de secours » ne soit que le carburant définitif, contrairement aux engagements récurrents de l’État.
Mais peut-on encore faire confiance à l’Etat qui semble déterminé à expédier toute nouvelle enquête publique sur ce sujet épineux.
Peut-on encore faire confiance à l’Etat qui n’hésite pas à implanter une centrale au fuel sous un hôpital, un collège et un stade accueillant des scolaires, bref, des lieux recevant des publics particulièrement fragiles et sensibles à la pollution de l’air dans un secteur soumis à un rythme effréné d’urbanisation .
Bien sûr vous adapterez la hauteur des cheminées et limiterez la puissance, SACOÏ 3 renforçant la puissance disponible pour la Corse, bien sûr vous adapterez à la marge quelques autres paramètres.
Mais essayer de nous faire croire que l’alimentation au fuel ou à la biomasse liquide de la nouvelle centrale ne serait que transitoire ou de secours, et vouloir nous faire adhérer à votre projet sous couvert de « concertation », n’est qu’une manoeuvre d’enfumage, un marché de dupe inacceptable.

La nouvelle centrale doit démarrer au gaz et l’Etat doit respecter sa parole s’il veut garder la confiance des Corses.

La Direction Collégiale du GARDE